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Kilian Jornet: un athlète exceptionnel

«Salut, je m’appelle Kilian Jornet. J’ai 30 ans et je m’entraîne depuis 30 ans». Voilà les mots que l’Espagnol Kilian Jornet (30) a utilisés pour se décrire lors dans une vidéo sponsoring. Kilian Jornet (30) est l’un des meilleurs (voire même le meilleur) sportifs au monde des sports de l’extrême. Apprends-en ici un peu plus sur sa vie, son entraînement et ses convictions.

Kilian Jornet possède quasiment une capacité d’effort surhumaine, grâce à laquelle il est allé chercher plusieurs records. Sa capacité aérobie se monte par exemple à 90ml/kg/min, ce qui correspond à une valeur absolument incroyable. Il domine les courses dans deux disciplines, à savoir le ski de randonnée et les courses de trail. Bien que certains sportifs soient plus rapides que Kilian sur des distances courtes, Kilian se démarque principalement par son endurance extrême et sa polyvalence. On peut le considérer comme un athlète, un sportif, un coureur, un skieur de randonnée, un nomade ou encore un aventurier – lui-même se nommant plutôt un «ami de la montagne». Mais comment est-il arrivé à cet incroyable niveau ? A quoi ressemblent ses journées d’entraînement et que fait-il à côté du sport ?

Photo: runners.es

Quelques faits:

Personnel: anniversaire: 27.10.1987, domicile: près de Åndalsnes (NOR)

Constitution physique: taille: 171 cm, poids: 58-59 kg, teneur en graisses: 8.72 %, teneur en muscles: 46.1 %, teneur en ossements: 21.0 %

Diagnostic de performance: fréquence cardiaque maximum: 205, fréquence cardiaque au repos: 35, capacité pulmonaire: 5.3 l

Passé

Kilian Jornet a grandi au sein du domaine skiable Refugio de montaña de Cap del Rec dans les Pyrénées catalanes. Déjà très jeune il a passé beaucoup de temps à faire du sport avec sa sœur. En effet, il n’y avait pas trop d’autres possibilités d’activités dans la région. Dès qu’ils étaient de retour à la maison après l’école, ils partaient courir en forêt et dans les montagnes en été ou jouaient aux alentours du refuge. En hiver, ils faisaient pareil mais sur les skis. Leurs parents étaient les deux passionnés de montagne et ils prenaient souvent leurs enfants avec lors de tours menant à différents sommets. Comme le dit Kilian, sa passion pour le sport et la montagne est apparue très tôt, et cela de façon plus ou moins consciente.

A l’âge de 13 ans, Kilian a découvert par hasard que son école proposait un centre d’entraînement pour le ski de randonnée. Il a envoyé sa candidature et a été pris. Là-bas, il a appris à connaître et à aimer le sport de compétition. Il a commencé à s’entraîner régulièrement et de façon ciblée. Il a très rapidement pu participer aux championnats espagnols et aux championnats d’Europe. Ont suivi ensuite les premiers exploits. En été, des entraînements de course de montagne ainsi que de trail étaient organisés sur le même domaine skiable. Kilian a donc également commencé ces activités. Aujourd’hui, il fait du ski de randonnée en hiver et fait des courses de montagne et trails en été.

Photo: Ariño Visuals

Ce n’est pas toujours facile de représenter des sports marginaux. Kilian en est conscient et souligne l’importance du soutien de ses proches. Lors de ses années scolaires, c’est sa maman qui venait les réveiller, lui et sa sœur, avant de les emmener sur un tour avant l’école. En compétition, il est également très reconnaissant envers ses parents qui l’accompagnent.

Bien que Kilian a passé beaucoup de temps à pratiquer du sport dans sa jeunesse, il a suivi l’école normalement et a terminé ses études. Lorsqu’il a obtenu son bachelor en 2005/2006, il a ensuite décidé de tout miser sur le sport. Afin d’avoir un plan B, il a continué ses études et a commencé en sciences des activités sportives et physiques à l’université française Font Romeu. Il a pu directement combiner son entraînement à ses études. De plus, il a pu profiter d’un programme spécial pour les sportifs élites et a pu ainsi investir tout le temps nécessaire dans sa propre carrière. Aujourd’hui, il vit du sport grâce à des sponsors et des institutions. A part lui, peu d’autres athlètes peuvent vivre uniquement du sport.

Entraînement

« En tant que sportif professionnel, on a probablement bien assez de temps », pourrait-on penser. Si on regarde le volume d’entraînement de Kilian, on remarque rapidement que cela n’est pas le cas. L’athlète de 30 ans s’entraîne environ 35 heures par semaine. D’habitude, il effectue une longue séance le matin (3-4 heures) et une plus courte l’après-midi (1-2 heures). Lors de la saison des courses, son volume d’entraînement peut « descendre » jusqu’à 15 heures par semaine. Au total, le sportif de l’extrême s’entraîne quelque 1000 heures par année avec 550’000 mètres de dénivellation. Une moitié faite sur les skis et l’autre moitié à pied. Les jours de repos n’existent pas chez lui, il s’entraîne 7 jours par semaine. Par année, il parcourt un total de 7’000 km à pied, 6’000 km en ski, 1’000 km sur le vélo, 50’000 km avec la voiture et un grand nombre de kilomètres (« beaucoup trop » selon Kilian) en avion. Dans le passé il avait un entraîneur, mais depuis plusieurs année il s’entraîne de façon individuelle comme il n’en a pas trouvé qui soutienne sa méthode d’entraînement. Comme il remarque que cela fonctionne ainsi bien pour lui, il ne ressent pas le besoin d’engager un entraîneur pour le moment.

Compétitions

Les compétitions hivernales sont la plupart du temps plus courtes qu’en été. Il pratique toutefois les deux sports avec passion et apprécie qu’ils se complètent si bien. Les compétitions hivernales (allant d’un kilomètre avec beaucoup de dénivellation jusqu’à des compétitions de 90min) l’aident à trouver la vitesse en été et inversement les longues compétitions estivales lui donnent une bonne base pour la saison hivernale. Il peut ainsi éviter une trop grande charge unilatérale. Les compétitions hivernales peuvent être particulièrement difficiles avec beaucoup de dénivellation. En 2010, il en a fait la malheureuse expérience sur une course de 100km. Après 70km il était complètement déshydraté et souffrait de fortes crampes. Il s’est battu jusqu’au bout et a terminé la course au 3ème rang. Il a livré que les émotions d’avoir atteint la ligne d’arrivée lui avait fait oublier ses souffrances.

Photo: Philipp Reiter, Salomon Running

Lorsqu’on s’imagine la charge incroyable exposée régulièrement au corps de Kilian, on peut supposer que de nombreuses blessures viennent ternir l’entraînement. Jusqu’ici, il a eu en 2006 une fracture rotulienne et en 2018 une opération de l’épaule. Ces deux blessures sérieuses ont été toutefois les seules de sa carrière. Il le dit lui-même, il a beaucoup de chance avec son corps de n’être que rarement embêté par des blessures.

Mais comment fait Kilian pour se motiver lors de si longs efforts? A quoi pense-t-il lorsque plus rien ne va ? Kilian a livré que lors de longues distances, la course devient un automatisme, presque comme la respiration. On se divertit en ayant du plaisir, ensuite avec le paysage ou avec de la musique. Kilian, quant à lui, pense souvent à ce qu’il devrait faire s’il était à la maison ou s’il devait travailler. Et lorsque cela devient difficile, il se fixe simplement des petits objectifs intermédiaires. «Encore jusqu’à la prochaine colline», se dit-il par exemple. Il peut ainsi célébrer constamment des petites victoires qui le motivent de tout donner jusqu’à l’arrivée. Lorsqu’il est complètement épuisé, il se peut qu’il n’arrive plus à pense à quelque chose et qu’il soit comme en trance.

Les compétitions d’ultras distances sont souvent une question de mental. Kilian n’a toutefois pas besoin de l’aide d’un psychologue mais il utilise volontiers des techniques de visualisation et s’imagine la course en avance dans sa tête (gestion du contact avec les adversaires, ravitaillements, etc.). Lors d’une compétition, il est extrêmement important de penser de manière rationnelle et positive, et surtout lorsque quelque chose d’inattendu se passe. Il est important de réagir correctement et Kilian peut ainsi l’influence grâce à la préparation.

Kilian en tant que personne

Quand Kilian ne s’entraîne pas, on peut le trouver au bord d’un lac de montagne en train de lire ou alors en train de se relaxer à la maison. Il se sert par exemple de la musique ou du dessin. En tant que passionné de l’exercice physique, il a bien sûr aussi des hobbies sportifs tels que la slackline ou la grimpe.

Photo: Kilian Jornet Facebook

Kilian est très très discipliné et sait ce qu’il veut atteindre. Sa plus grande force est d’avoir autant de plaisir dans ce qu’il fait. Il souligne toujours l’importance d’avoir du plaisir dans ce qu’on fait et qu’il n’y a pas que le succès mais surtout l’épanouissement personnel. Cela définit aussi sa vision quant à la thématique du doping. Le doping est un problème. Mais pas forcément causé uniquement par des questions d’argent mais surtout par des mauvais objectifs du sportif. Beaucoup voient l’arrivée mais sans prendre conscience du chemin qui y mène. L’accès au doping est donc très proche lorsqu’on souhaite atteindre cet objectif le plus rapidement possible.

Le lien unique avec la nature dans les montagnes lui plaît particulièrement. Aux personnes voulant commencer le sport de montagne, il leur conseillerait de voir le sport comme une aventure, d’avancer pas à pas et de profiter du chaque instant. Cela ne devrait pas et ne peut pas passer de 0 à 100. Son conseil : « profite de ce que tu fais et écoute ton corps ! ».

Dans le cas de Kilian, il est assez facile de le croire. Quand on investit autant de temps dans l’entraînement et la compétition et qu’on se montre prêt à souffrir, cela ne peut être que par amour pour le sport.

Cet article a été écrit par: Marion Aebi

 

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