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L’incroyable Wanders – jusqu’où ira-t-il?

La courbe de carrière du jeune Suisse Julien Wanders est en forte hausse. En février, il a terminé le semi-marathon à Ras Al Khaimah en un temps incroyable de 59min13. Le Genevois de 23 ans a amélioré le record d’Europe de Mo Farah de 19 secondes. Plusieurs questions se posent désormais, que va-t-il encore pouvoir accomplir dans sa carrière ? FIT for LIFE tente d’y répondre.

Est-ce que Julien Wanders peut déjà se décrire comme meilleur coureur suisse?

Après ses deux records d’Europe sur le 10km sur route en octobre à Durban (27 :32) et en décembre à Houilles (27 :25), Julien Wanders s’est désormais également établi sur la liste des meilleurs en semi-marathon. Aucun coureur d’athlétisme suisse n’avait pu détenir deux records du monde jusqu’ici, aucun coureur de fond suisse n’avait pu courir à ce niveau – même pas Markus Ryffel (dont le record national sur 5000 m en 1984 tient toujours) ou Viktor Röthlin. Julien Wanders doit toutefois encore atteindre quelques exploits internationaux pour devenir le meilleur Suisse en course de fond aux yeux des gens. Et ses performances sur la piste ne sont pas encore exactement au même niveau que sur route. A quel niveau international se trouve Julien Wanders avec son record d’Europe en semi-marathon ? Au rang 38 sur la liste des meilleurs. Jusqu’à maintenant, 28 Kényans, 7 Ethiopiens, 1 Erythréen et 1 Bahreïnien ont été plus rapides que le Suisse. Sur la liste des meilleurs en 2019, il occupe la quatrième place derrière un Kényan et deux Ethiopiens. Le kényan Abraham Kiptum avait été 55 secondes plus rapide que Julien Wanders en octobre 2018 lors de son record du monde tandis que le meilleur de la saison, Stephen Kiprop, avait été 31 secondes plus rapide.

Comment est-ce que Mo Farah a réagi lorsque ce jeune Suisse est venu battre le record d’Europe à deux reprises en quelques mois ?

Mo Farah n’a pas réagi publiquement, mais il ne devait pas être ravi. Le Britannique se concentrait depuis quelques mois sur le marathon de Londres fin avril ; là-bas, il s’est mesuré au tenant du record du monde Eliud Kipchoge. Selon Kipchoge, Julien Wanders serait le meilleur exemple pour montrer que chacun d’entre nous peut arriver au sommet grâce au talent et à une volonté de fer. Selon lui, les Africains de l’Est n’ont pas d’avantage génétique.

Et le record du monde, est-ce qu’il en est capable?

Si Julien Wanders reste en forme et sans blessure, tout est possible. Julien Wanders s’est complètement consacré au sport de la course à pied, il vit à l’année en altitude au Kenya et associe la discipline d’un Européen avec la mentalité africaine. Wanders se concentre uniquement sur le succès sportif, sa vie se résume essentiellement à s’entraîner, manger, dormir. A côté des séances intensives, Wanders fait également des entraînements de coordinations, de mobilité et de renforcement. Il est conseillé par le spécialiste suisse Christof Mannhart au niveau de l’alimentation. De plus, Wanders utilise la sophrologie comme une sorte d’entraînement mental avec des exercices de méditation et il se rend plusieurs fois par semaine au massage. Chose importante : avec Marco Jäger, il possède un entraîneur qui le suit depuis sa jeunesse et qui le connaît très bien. Il n’y a donc pas de raison que Wanders ne puisse pas devenir un jour le meilleur au monde.

Que peut-on attendre de Wanders sur un marathon?

Un marathon a très peu avoir avec les mathématiques. Il existe toutefois la règle suivante : temps sur un marathon = temps sur un semi-marathon, fois deux, plus trois minutes. Pour Viktor Röthlin, cette formule semblait correspondre : 2x 62:16 + 3min = 2:07:32 ; son meilleur temps = 2:07:23. Eliud Kipchoge a été un peu plus rapide : 2x 59:25 + 3min = 2:01:50 (meilleur temps et record du monde : 2:01:39). Selon cette formule, Mo Farah devrait courir en 2:02:04 (meilleur temps jusqu’à ce jour : 2:05:11), Wilson Kipsang 2:00:58 (meilleur temps 2:03:13). Pour Julien Wanders, on arrive à un temps de course de 2:01:26. Cette estimation est toutefois hypothétique, comme la vitesse de base diminue avec une préparation en vue d’un marathon. Ainsi, le temps sur un semi-marathon devrait être mesuré lorsqu’un athlète se prépare déjà pour un marathon. Mais une chose est sûre : celui qui peut courir un semi-marathon en 59:13 possède un grand potentiel sur un marathon.

Quels sont les plus grands risques pour Wanders ?

Comme pour tous les jeunes athlètes talentueux, il est important que Wanders ne se blesse pas et qu’il reste motivé. Pour ce qui est de la motivation, cela n’est pas un problème car son objectif est clair : devenir le meilleur au monde. Le plus grand risque – et pas seulement depuis maintenant : qu’il soit trop impatient. Wanders possède déjà un volume d’entraînement digne d’un coureur de marathon élite. Le Néozélandais Jake Robertson (meilleur temps en semi-marathon 59:57), qui habite également à Iten, ne s’entraîne plus avec le Suisse. Il trouve en effet qu’il s’entraîne trop souvent à une intensité élevée. L’entraîneur Marco Jäger est conscient du risque et planifie l’entraînement de son protégé en vue d’un futur en marathon. Seulement : Wanders est quelqu’un qui ne s’épargne jamais lors de l’entraînement ; dans son groupe d’entraînement, il est le chef et impose le programme et le rythme.

Sur la piste, Julien Wanders n’est pas encore parvenu à faire ses preuves comme prévu. Quelles en sont les raisons ?

Quelqu’un qui court 10 kilomètres sur route en 27min25 devrait pouvoir courir 10 kilomètres sur la piste en moins de 28 minutes (le meilleur temps de Wanders : 28:06:17). Il trouve lui-même qu’il ne court pas de la même manière, à savoir détendu et sûr, sur la piste que sur route. Il ne lui manque probablement plus qu’une « impulsion » – et il fera partie des meilleurs sur piste.

A quoi ressemble le plan de Wanders pour les prochaines années?

Jusqu’aux Jeux Olympiques 2020, il souhaite se concentrer sur la piste pour ensuite basculer vers le marathon. Mais il n’exclut pas de participer à un marathon dans une grande ville d’ici-là et de faire le rythme jusqu’aux kilomètres 30 ou 35, dans le but d’acquérir le ressenti d’un marathon. Malgré ses succès actuels, il ne fait pas de doute que le marathon sera sa discipline de prédilection dans le futur. Les championnats du monde à Doha fin septembre seront le prochain objectif concret.

Sur quelle distance prendra-t-il le départ?

En ce moment, il pense prendre le départ des deux courses de fond à Doha, ce qui est faisable niveau programme : le premier jour auront lieu les qualifications pour le 5000 m, le quatrième jour la finale, le dixième et dernier jour aura lieu le 10’000 m.

Combien gagne Julien Wanders avec ses succès actuels?

Un athlète est comparable à un employé, il ne parle pas volontiers de son salaire. Et ceci est également valable pour Julien Wanders. Un manager ayant un contrat avec plusieurs coureurs élites part du principe qu’un coureur sur route remporte 3000 à 5000 euros, ce à quoi vient s’ajouter le prix. Sur piste, le gain est seulement élevé à Zurich ou Lausanne, tandis qu’ailleurs beaucoup moins vu qu’il lui manque des médailles internationales. Grâce à ses sponsors, Julien Wanders peut toutefois bien tourner financièrement.

Les performances de Wanders sont incroyables. Y a-t-il lieu de s’inquiéter ?

Pour celles et ceux qui suivent l’évolution de Julien Wanders, il est logique de penser que ses performances sont obtenues de manière propre. Wanders suit très strictement ses objectifs et sans compromis, et ceci d’une manière unique. Il reste pourtant très transparent et laisse ses données d’entraînement visibles à tous. Selon son coach Marco Jäger, Julien Wanders a été contrôlé à 50 reprises en 2018. Il n’y a donc pas de raison de douter de ses performances.

 

Traduit par: Anaïs Cattin

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